Cercles de Silence

Les cercles en France

et ailleurs

Le « Cercle de silence » est la forme originale choisie dès le début,  par les initiateurs du mouvement, comme mode de manifestation publique, non violente, calme et silencieuse.

C’est un franciscain Frère Alain Richard qui a été à  l’origine des cercles de silence. Le premier cercle a eu lieu à Toulouse en 2007 sur la place du Capitole. Puis le mouvement s’essaima, et il y en a actuellement 164 et 20 à l’étranger (Suisse, Espagne, Sénégal, Pologne).

Qu’est-ce qu’un Cercle de Silence ?

C’est une manifestation non-violente qui rassemble des personnes qui défendent une cause (souvent indiquée par des panneaux ou des affiches). Il se tient en silence : dans le bruit, le silence au cœur de la ville, demande un engagement profond et total et permet de s’ouvrir à une parole inattendue. On ne sort pas indemne d’une heure de silence. Le cercle est une image de l’absence de division, de la fraternité : entre les Hommes et les Femmes, entre les pays, entre les races, entre les religions et la laïcité ; il apaise toutes les tensions… pour une heure, ou moins.

Quelle est la cause défendue ?

Le cercle de silence a pour objectifs d’avertir que la dignité de chaque personne ne se discute pas, elle se respecte ; et qu’avec ou sans papiers, l’étranger est une personne. Dans sa charte, il rappelle la peur et l’humiliation que vivent les étrangers chez nous, et que, dans les Centres de Rétention Administrative, la dignité humaine est bafouée, qu’on ne peut approuver des dispositions qui détruisent les couples, les familles et dans certains cas des vies humaines.

Un Cercle de Silence.

Le Cercle, figure géométrique, dit l’équilibre, la régularité et symbolise, en la circonstance, la terre sur laquelle chacun doit avoir sa place, en totale égalité. Le cercle souligne l’unité du rassemblement, et porte à la réflexion tant ceux qui le constituent que les passants intrigués ou interpellés par une telle attitude.

Chacun est un des points, particulier et indispensable, du cercle. Chacun est à égale distance du centre, matérialisé par une lanterne allumée – tel un appel à rester éveillé -.

Chaque participant a sa place et son rôle pour construire et faire vivre ce cercle. Il est ainsi responsable de la figure donnée à voir, et doit s’ajuster aux autres, à l’ensemble et ainsi offrir la possibilité d’accueillir de nouveaux membres.

La manifestation n’est pas statique, mais en mouvement permanent par sa taille en fonction du nombre de participants.

Que le cercle soit bien identifié, sans espace vide ni « trous ».

S’il est traversé par quelqu’un, que nul ne s’y oppose. Pour l’éviter, il suffit de rester proche, attentif et solidaire de son voisin ou de sa voisine.

Cercle… non seulement « en silence », mais « de silence » !

– Plus que les participants en silence, c’est le Cercle lui-même qui « crie » le message par son silence. D’où une exigence : garder le silence complet dans le cercle. Difficile parfois.-

– Pour tout échange, (salutation, explication…) il est demandé de sortir du Cercle (et d’y revenir ensuite !), montrant ainsi que le Cercle est un lieu particulier, de grande gravité, où aucune parole, qui romprait le silence, ne peut être échangée.

– Le travail sur la figure géométrique du cercle et sur l’absence de bruit ou conversation entraine un effort permanent sur soi de chaque participant appelé à puiser en lui les motifs de sa démarche non violente, de son acte militant.

– De cet effort dépend l’ambiance et la qualité du « Cercle de silence », de même que l’impact auprès de la population et des positions ainsi défendues en faveur des conditions de vie des migrants, sans parole. Ont-ils leur place dans le cercle de l’humanité ?

Où rejoindre un cercle ?

CERCLES DE SILENCE – RÉGION SUD-OUEST

– Toulouse : Cercles de silence chaque dernier mardi du mois Place du Capitole à l’initiative des frères franciscains. De 18h30 à 19h30

– Pau : Cercles de silence tous les derniers mardis du mois de 18 à19h place Clemenceau, à l’initiative de la fraternité franciscaine et le soutien de ACAT,CCFD,CIMADE Pau, Église Réformée de Pau,Maison des femmes du Hédas ,pastorale des migrants

– Bayonne : Chaque premier vendredi du mois de 18 à 19h, place de la Liberté – Mairie

– Rodez : Les cercles de silence ont lieu le dernier mardi du mois devant la préfecture soit les 29 avril, 27 mai, 24 juin, 29 juillet, 26 août

– Bordeaux : Cercles de silence chaque dernier mardi du mois place Pey-Berland à 18h30

– Villeneuve-Sur-Lot : Cercle de silence le mercredi 10 décembre 2008 au rond point de la porte d’Agen à 18h30

– Agen : Cercles de silence le 21 novembre 2008 et le 19 décembre 2008 place Wilson à 18h30

– Tarbes : Cercles de Silence tous les derniers mardi du mois de 17h30 à 18h30 devant la Mairie

Paris-Nanterre-Evry

– Paris Conseil d’Etat    :  3ème vendredi du mois de 18h30 à 19h30 Place du Palais-Royal voir le site du cercle de Paris

– Antony    :     2ème samedi du mois de 11h à 12h sur la Place René Cassin, dalle du RER

– La Défense    :  3ème jeudi du mois de 12h15 à 13h15 entre les Quatre-Temps et l’église ND de Pentecôte

– Brétigny-sur-Orge     :   1er vendredi du mois de 18h à 19h sur la Place de la Gare

– Etampes     :    dernier samedi du mois de 11h à 12h sur la Place des Droits de l’Homme

– Palaiseau     :    3ème samedi du mois de 11h à 12h sur la Place des Victoires

Créteil-Saint-Denis-Meaux

– Saint-Denis     :   2ème vendredi du mois de 18h30 à 19h30 sur la Place Jean Jaurès, devant la Mairie

– Chelles     :    1er jeudi du mois de 18h à 19h sur la Place Gasnier Guy, devant la gare RER

– Meaux     :    1er mercredi du mois de 17h30 à 18h30 sur la Place Henri IV

 Chartres –  Pontoise –Versailles

-Versailles : tous les 2èmes jeudis de chaque mois, à l’angle des avenues de Saint-Cloud et de l’Europe. Lettre n°95 juillet-aout 2018. Voir le site Internet du cercle de Versailles.

-Mantes la Jolie :  tous les 4èmes samedis du mois de 11h à 12h sur la Place Saint-Maclou

– Cergy-Pontoise     :   tous les 3èmes vendredi du mois de 18h à 19h sur la Place du Gl de Gaulle, au-dessus de la gare Cergy-Préfecture.

Bretagne

– Rennes : 1er mercredi du mois, à 18h, sur la place de la République voir le site du cercle de Rennes   voir le site du cercle de Rennes

– St Malo : 1 er mardi du mois, de 17h30 à 18h30, porte Saint Vincent

Pays de Loire

– Nantes :  voir le site du cercle de Nantes

Rhône-Alpes

-Lyon : voir le site du cercle de Lyon

Languedoc Roussillon

Perpignan :  1er jeudi du mois de 18h à 19h Place de Catalogne

Voir l’implantation des cercles de silence en France

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Alain RICHARD, fondateur des Cercles de Silence

D’un article de La CROIX

Mort du franciscain Alain Richard, fondateur des Cercles de silence

Par Christophe Henning, le 24/6/2021 à 05h34

Ardent promoteur de la non-violence, le frère franciscain Alain Richard est décédé, jeudi 24 juin, à 96 ans. En 2007, il avait fondé les Cercles de silence pour dénoncer les conditions indignes des sans-papiers dans les centres de rétention administrative.

Il avait le verbe haut, l’esprit rebelle et la barbe blanche du prophète. Le frère Alain Richard est décédé à l’âge de 96 ans dans la nuit de mercredi 23 au jeudi 24 juin, à Avignon (Vaucluse). Mais c’est à Toulouse que le franciscain s’était fait connaître en créant les Cercles de silence, porté par l’une des saintes colères qui ponctuèrent sa longue vie. Révolté par les conditions « indignes » réservées aux sans-papiers placés dans le centre de rétention administrative de Cornebarrieu (Haute-Garonne), il lança dès octobre 2007 cette manifestation non-violente et silencieuse sur la place du Capitole, chaque dernier mardi du mois.

Le « cercle de silence » de Toulouse fête ses 10 ans

Pendant plusieurs années, ce mouvement fut suivi dans plus de 150 villes par des milliers de personnes, et perdure encore dans bien des régions. Bravant le froid ou la canicule, le frère Alain Richard rappelait à chaque fois l’objectif : « Nous voulons clamer notre indignation de façon non-violente contre les conditions d’enfermement inhumaines imposées aux parents et enfants étrangers sans papiers de séjour. »

Engagement non-violent

Cet ultime engagement venait couronner tout une vie à la recherche de la paix. Ingénieur agronome de formation, il abandonne à 23 ans son laboratoire de recherche pour faire le choix franciscain d’une vie pauvre et évangélique. Il fut tout d’abord aumônier à la faculté des sciences d’Orsay dans les années 1960, faisant l’expérience de la non-violence au sein du groupe de l’Arche de Lanza del Vasto. En 1973, il part aux États- Unis, prêtre au travail dans les usines automobiles de Chicago dans lesquelles il côtoie les ouvriers, avant de vivre aux côtés des gens de la rue à Las Vegas.

« Cette violence est le fruit de dizaines d’années de négligence de nos relations humaines »

Parallèlement à ce compagnonnage avec les plus pauvres, Alain Richard était très investi dans la dénonciation des armes nucléaires : « J’ai expérimenté les cercles de silence à Oakland, aux États-Unis, pour sensibiliser les gens contre le nucléaire. Cela m’a valu d’être arrêté une trentaine de fois », avait confié ce religieux animé
d’une énergie puisée dans la prière et le silence, dont il avait témoigné dans un livre d’entretiens (Une vie dans le refus de la violence, Albin Michel, 2010, 266 p., 18,25 €).

Militant pour la non-violence, il fut dès 1985 au Guatemala avec les Brigades internationales pour la paix, avant d’être expulsé et de revenir aux États-Unis. En 2003, il fait partie des militants qui jeûnent devant l’ONU pour que le Conseil de sécurité se prononce contre l’intervention armée en Irak.

Vie fraternelle

Portant la parole de la non-violence à chaque occasion, frère Alain Richard était un habitué du train de nuit Toulouse-Paris. Exigeant avec lui-même, il ne l’était pas moins avec ses frères, à la fois bienveillant et un peu rude. « Il était attaché à la vérité des relations, confie frère Frédéric-Marie, franciscain à Paris. Conscient de la violence qui pouvait l’habiter, il a toujours cherché la paix. » Apprivoisant cette violence, le vieux sage sur les traces de François d’Assise aura sans doute trouvé au fil de toutes ces années, une forme d’unité à force de prière, de lectures. Et de silence.

Christophe Henning